Environ 3000 châteaux s’égrènent en chapelet sur le Val de Loire. Ils sont classés selon trois grandes catégories : châteaux royaux, châteaux nobiliaires de première importance et châteaux nobiliaires.
- Maéva Destombes
- 02/2024
Carnet de route pour visiter 5 châteaux en Val de Loire
Blois, Chambord, Loches, Chenonceau et Amboise sont certes parmi les plus connus mais leur visite est toujours un enchantement et permet d’approfondir ses connaissances sur l’Histoire de France…
Cet article est proposé par notre journaliste partenaire, Maeva Destombes. Un article à retrouver également sur Delices Mag.
1 - Blois, le château d'exception de François 1er
Du jardin Augustin Thierry et de la place Victor Hugo, le Château de Blois se dresse vers le ciel avec un brin d’austérité. Cette immense façade des loges de l’aile de François 1er habillée de son camaïeu de gris qui coure du sol au toit ponctué de touches colorées et d’oriels dont certains sont surmontés de balcons, semble dominer la ville tout en la tenant à distance, d’un port presque altier.
Pourtant elle a été conçue pour s’ouvrir au monde avec ses plusieurs dizaines de fenêtres façon loggia. Mais les constructeurs de l’époque réalisèrent des ouvertures n’ayant aucune communication les unes avec les autres. Seul l’étage supérieur présente une véritable loggia à l’Italienne. Côté cour, le château de Blois dévoile toutes les époques qui ont marqué de leur empreinte sa construction.
Construit au 9ème siècle, ce qui n’est initialement qu’une forteresse et un palais comtal bâtis sur un promontoire ne va cesser de subir des transformations au cours des siècles. De cette époque médiévale ne subsistent que quelques éléments du 13ème siècle comme la grande salle seigneuriale, une partie des remparts et trois tours de l’aile François 1er. Du 13ème siècle au 17ème siècle, les ouvriers, à travers leurs ouvrages, rendent gloire aux 7 rois et aux 10 reines qui ont foulé les couloirs du bâtiment. Le Château cumule quatre styles architecturaux bien distincts même si parfois des éléments d’une époque fusionnent à ceux d’une autre. Sous Louis XII, le palais comtal devient palais urbain. Un nouveau bâtiment de style gothique est érigé. Les visiteurs y entrent sous le regard de marbre de la statue équestre de ce roi du début du 16ème siècle.
Son successeur, François 1er, en a fait un château d’exception emblématique de La Renaissance dont l’escalier hélicoïdal à vis unique hors-d’œuvre (en saillie) est l’un des éléments majeurs de l’ensemble. L’aile classique construite au 17ème siècle sous Gaston d’Orléans est inspirée d’un pur style gréco-romain avec une profusion de colonnes, de pilastres, de chapiteaux et de frontons. À l’intérieur de l’aile François 1er, les appartements royaux sont richement ornementés et meublés. Pourtant, ces décors résultent des rénovations réalisées par Félix Duban au 19ème siècle. En effet, les originaux n’ont que très peu résistés au mode de vie itinérant des monarques. La chambre de la reine est cependant majestueuse, tout comme la Galerie de la reine, le studiolo, la chambre du roi ou encore la salle du conseil, la galerie Duban… La salle des États Généraux, restaurée en 2006-2007, est impressionnante. Ses deux nefs lambrissées, ses colonnes et arcs brisés et ses dimensions hors-norme laissent supposer de somptueuses réceptions ou d’importantes réunions des trois ordres de la société sous Henri III.
2 - Chambord, un décor magique fétiche du cinéma français
Le château de Chambord, construit à partir de 1519 et classé au patrimoine de l’Unesco depuis 1981, est très certainement le plus emblématique de la Renaissance Française. Sa gloire, il la doit partiellement au cinéma. C’est en effet lui qui servit d’écrin au film Peau d’Âne réalisé en 1970 par Jacques Demy avec en vedette Catherine Deneuve et Jean Marais. Ce n’est pourtant pas le seul puisque ceux de Plessis-Bourré et de Neuville furent également utilisés pour certaines scènes. Son histoire est particulièrement mouvementée avec une succession interminable de locataires, de nombreuses années d’inoccupation, des pillages par les villageois limitrophes. Lors de la seconde guerre mondiale, Il a échappé de peu à des bombardements et abrita même la Joconde durant quelques mois. Plus tard, ce furent des crues importantes du Cosson qui l’obligèrent à fermer au public durant une semaine. Le foisonnement de cheminées et de chapiteaux sculptés du toit de Chambord donne à ce château, dont la construction débute sous François 1er, un air d’ouvrage en dentelle de tuffeau précieux et fragile. Cette pierre blanche crayeuse typique de la région constitue le matériau principal de construction de cet édifice impressionnant. Il faut dire que François 1er a mis le paquet pour en faire un joyau monarchique.
Sur un parc de 5440 hectares d’anciennes terres marécageuses de la Sologne alternant haies, zones humides, taillis et landes, ceint par 32 km de mur, Chambord affiche des chiffres époustouflants. À l’opposé du château de Troussay connu pour être le plus petit château de la Loire, Chambord est quant à lui le plus grand. Derrière ses 156 mètres de façade, il n’abrite pas moins de 426 pièces, 77 escaliers, 282 cheminées et 800 chapiteaux. L’escalier à double-révolutions est son atout le plus magistral. Même s’il n’a pas directement participé à la construction de cet édifice, Léonard de Vinci aurait fortement inspiré et influencé les choix architecturaux notamment cet escalier central hélicoïdale. À l’extérieur des bâtiments, les jardins à la française ont été reconstitués en 2017. Un jardin-potager conforme aux principes de la permaculture vient également de voir le jour. Ses fruits et légumes (140 variétés d’arbres fruitiers, 40 variétés de légumes dont des légumes anciens, des plantes aromatiques et médicinales) sont vendus via des circuits courts.
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3 - Cité Royale de Loches, l'écrin secret de femmes hors du commun
Au cœur de la vallée bucolique de l’Indre, dominant la ville sur son promontoire, se dresse un imposant donjon de 37 mètres construit entre 1013 et 1035, composé d’une tour maîtresse et de tours annexes. Non loin à ses pieds, un logis royal, véritable bijou de l’architecture de la fin du Moyen-Âge, dont une partie a été construite sous Louis 1er d’Anjou au XIVème siècle, l’autre sous Charles VIII puis Louis XII au XVème siècle et début du XVIème siècle. La Cité Royale de Loches fut sans nulle doute l’une des résidences préférées de la dynastie des Valois avant de devenir une prison officielle. Anne de Bretagne, épouse de Charles VIII puis de Louis XII, y séjournait souvent. L’oratoire de style gothique a été construit à sa demande. Mais de nombreuses autres personnalités, notamment des femmes, marquèrent de leur aura, les différentes pièces des bâtiments. Lorsque un visiteur pénètre dans l’enceinte de la Cité, impossible pour lui de ne pas remarquer la plaque apposée sur le mur d’entrée. En gros, le nom de Jeanne d’Arc
Il faut se rapprocher pour lire une inscription quelque peu énigmatique détaillant la liaison entre la Pucelle d’Orléans et cette Cité Royale « En mai 1429, à Loches sur l’ordre de ses voix affirme pouvoir conduire, sûrement à Reims le Dauphin et le supplie d’aller s’y faire sacrer ». C’est en effet vers le 22 mai 1429 au logis Royal de Loches que Jeanne d’Arc convainc le monarque Charles VII de se rendre à Reims pour s’y faire consacrer souverain légitime de France, au mois de juillet. Plus tard, dès 1443, Agnès Sorel, picarde de petite noblesse, subjugue le roi Charles VII avec sa beauté et son teint diaphane. Elle devient alors sa favorite. Durant six ans de passion, elle lui donne 4 filles (dont une morte très rapidement après sa naissance) mais meurt en 1450, prématurément à l’âge de 28 ans. Officiellement d’une infection puerpérale provoqué par son quatrième accouchement. Plus officieusement d’un empoisonnement. Des analyses en 2004 ont révélé qu’elle aurait absorbé une dose excessive de sels de mercure, utilisés à cette époque à but médical notamment pour des accouchements difficiles. Surdosage médicamenteux ? Homicide ? Suicide ? Cet empoisonnement a longtemps été attribué au dauphin Louis XI, qui la détestait, mais aussi à la cousine d’Agnès Sorel, Antoinette de Maignelais, pour de sombres raisons de jalousie et de cupidité. Nourrice des filles d’Agnès Sorel, à sa mort elle prit sa place dans le lit du roi.
La Cité Royale de Loches fut l’un des premiers édifices royaux à se doter de l’HistoPad qui permet une visite virtuelle des bâtiments au fil des époques.
4 - Chenonceau, l'autre château de grandes dames de la cour
Chenonceau est reconnaissable entre tous. Et pour cause, il enjambe le Cher ! Si le château en lui-même est construit sur la rivière près d’une des rives, c’est sa galerie construite en 1576 sous Catherine de Médicis sur le pont dont Diane de Poitiers dirigea les travaux qui permet de relier réellement les deux rives. Long de 60 mètres et large de 6 mètres, son sol est entièrement carrelé de tuffeau blanc et d’ardoise lui donnant un air de damier géant. Chenonceau est un château dont les couloirs furent foulés par de nombreuses femmes comme Louise de Lorraine, Louise Dupin, Marguerite Pelouze, Simonne Menier. Mais celle qui marqua le plus son histoire est sans conteste Diane de Poitiers, favorite du roi Henri II. À sa mort, sa veuve officielle Catherine de Médicis entama un bras de fer pour récupérer Chenonceau bien que le roi ait reconnu en 1547 par patente à Diane de Poitiers « un droit de propriété, saisine et possession, pleinement et paisiblement et à toujours perpétuellement, pour en disposer comme de leur propre chose et héritage ».
Finalement, Diane de Poitiers céda Chenonceau et obtint en échange Chaumont-sur-Loire. Le château est entouré de trois jardins. La superficie avoisine les 12000m2 pour celui de Diane de Poitiers. Si la structure du parterre reste inchangé, le dessin actuel comprenant deux allées perpendiculaires et deux autres en diagonale est d’Achille Duchêne. Le jardin de Catherine de Médicis est plus intime avec une superficie de 5000m2 et une vue magnifique sur le château. Dans les deux jardins, de nombreuses fleurs fleurissent été comme hiver. Rosiers sur tiges ou grimpants sont omniprésents et donnent à ces espaces de verdure une poésie et un romantisme dignes des deux reines. Un parc à l’anglaise dit « le jardin vert » accolé au jardin de Catherine de Médicis, est planté d’un gazon parsemé d’une collection exceptionnelle d’arbres dont des cèdres bleus, un catalpa, des sapins de Douglas, des séquoias… Un peu plus loin le fameux labyrinthe italien planté de 2000 ifs et le potager, ouvert aux visiteurs, planté d’une centaine de variétés florales.
5 - Amboise, le dernier refuge de Léonard de Vinci
Ici, ce ne sont pas des femmes qui ont marqué de leur aura les couloirs du château. Mais bien le maître incontestable de la Renaissance, Léonard de Vinci. Le château d’Amboise fut en effet le dernier lieu de vie du génie italien et c’est dans la chapelle Saint-Hubert qu’il reposerait pour l’éternité – sous une plaque de marbre d’une sobriété surprenante – après avoir été inhumé au sein de la collégiale Saint-Florentin, détruite en 1802 par le nouveau propriétaire. Un caveau, contenant des fragments et doté d’inscriptions telles que « EO ; -AR ; DUS ; -VINC », y fut découvert et laisse supposer qu’il s’agirait du père de La Joconde ou Portrait de Mona Lisa. Depuis 2014, des recherches sont toujours en cours pour déterminer l’ADN du corps.
À partir de 1516, s’il passe la majeure partie de ses journées à Amboise, Léonard de Vinci possède cependant sa propre demeure à quelques encablures. Le Clos Lucé, initialement manoir du Cloux, abrite en effet l’homme vieillissant mais toujours aguerri et plein de projets. François 1er qui a vécu son enfance au sein d’Amboise, fait appel à lui après un retour d’Italie. Il veut transposer dans son château ce qu’il a vu dans le pays transalpin notamment cet art de vivre qui le subjugue. Il souhaite organiser des fêtes somptueuses avec comme maître d’œuvre l’artiste, ingénieur et architecte aux multiples talents.
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